Miss Héroïne boycottée par le Mojahland Club ?

Une séance gâchée, des participantes humiliées, une image ternie.

Ce dimanche, après une courte pause consacrées à la préparation des aspirantes, le concours Miss Héroïne annonçait en grande pompe une séance de reprise, autour d’une thématique noble : la présentation des figures majeures de la littérature haïtienne, telles que Jacques Roumain, Yannick Lahens, Etzer Vilaire ou encore Jean Price-Mars. Un programme éducatif pensé pour stimuler la réflexion, célébrer l’intellect et réaffirmer l’ambition culturelle de ce concours atypique.

Mais au lieu d’un moment de prestige et de transmission, les participantes, leurs proches et les rares spectateurs présents ont été témoins d’un fiasco organisationnel sans précédent. Sur place, dans l’enceinte du Mojahland Club à Fontamara, le choc est total. Tandis que les jeunes femmes en lice pour le titre de Miss Héroïne s’apprêtent à prendre la parole, une autre activité se déroule à quelques mètres seulement : bikinis, shorts, fumée de cigarette, alcool à volonté… L’espace est littéralement partagé entre deux visions du monde irréconciliables.

Deux mondes qui ne peuvent cohabiter

Selon les témoignages recueillis par le média local Sa k ap fèt Fontamara (SKAFF), la scène était surréaliste. Le public venu pour Miss Héroïne était visiblement mal à l’aise, les participantes déconcertées. L’atmosphère intellectuelle et posée voulue par les organisateurs a été violemment étouffée par un fond sonore inapproprié et des comportements déplacés.

Malgré tout — et c’est là que le bât blesse — l’équipe de Miss Héroïne a choisi de maintenir la séance. Un choix que plusieurs observateurs qualifient de malheureux, voire de contradictoire avec les valeurs prônées par le concours. Car si l’annulation avait été un signal fort face à l’irrespect manifeste du Mojahland Club, sa tenue dans de telles conditions envoie, elle, un message de tolérance inquiétante à l’égard de la désinvolture ambiante.

Une négligence assumée ?

Selon les constats de SKAFF, l’établissement n’a pris aucune mesure pour garantir la quiétude de l’événement culturel. Pire encore, il semblerait que les responsables du Mojahland Club aient sciemment loué leur espace à un autre groupe, en parfaite connaissance de l’agenda de Miss Héroïne. Un geste que d’aucuns interprètent déjà comme un sabotage déguisé, sinon une preuve flagrante de négligence.

Un signal inquiétant

Cette mésaventure soulève des questions lourdes de sens : peut-on encore organiser des événements culturels dans un pays où le bruit, la fête et le laisser-aller l’emportent systématiquement sur la discipline et l’éducation ? Que signifie l’indifférence — voire le mépris — de certains acteurs locaux face à des initiatives qui visent à redonner confiance à la jeunesse ? Faut-il y voir un boycott tacite ou simplement le triomphe de la désorganisation ?

Dans tous les cas, la crédibilité du Mojahland Club en tant qu’espace d’accueil pour des événements sérieux est désormais remise en question. Et le projet Miss Héroïne, s’il souhaite continuer à grandir, devra probablement reconsidérer ses partenariats et poser ses exigences avec plus de fermeté.

La culture a besoin d’un espace sûr. Et d’un minimum de respect.

Sa K ap Fèt Fontamara
Sa K ap Fèt Fontamara
Articles: 73

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *