Emmanuel CHARLES, l’homme derrière Miss Héroïne

À 29 ans, Emmanuel CHARLES incarne une jeunesse haïtienne résolument tournée vers l’engagement communautaire. Théologien, communicateur, entrepreneur, écrivain, slameur, secouriste, professeur de lettres modernes et de philosophie, il est aussi le cerveau derrière le concours Miss Héroïne, un projet né du désir de changer le regard que la société porte sur les jeunes femmes de Fontamara.

« Beaucoup pensent que nos filles n’ont pas d’avenir. Cette idée m’a blessé. J’ai voulu prouver le contraire », explique-t-il. C’est avec cette conviction qu’en 2025, il décide de lancer Miss Héroïne : un concours qui valorise bien plus que la beauté physique. Il met en avant la force de caractère, la résilience, la dignité. « Une héroïne, pour moi, c’est une femme qui refuse d’abandonner ses rêves malgré les obstacles. »

Ce projet ne surgit pas de nulle part. Emmanuel Charles est depuis longtemps actif dans les milieux socioculturels. En 2019, il avait déjà conseillé le PDG Jean Philippe Cadet dans le cadre du concours Miss Saphir Haïti. Plus tard, il a pris la tête de l’organisation MEY-HAÏTI, à travers laquelle il mène plusieurs actions de sensibilisation et de développement.

Le concours Miss Héroïne, dont la première édition a été préparée en 2024 mais suspendue pour raisons de sécurité, a finalement vu le jour en avril 2025. Malgré les tensions sociales et une forte pluie le jour de l’événement, la soirée d’ouverture, le 13 avril, a été un moment fort pour la communauté. Le public a répondu présent, soutenant cette initiative qui venait briser le silence et donner la parole à des jeunes femmes souvent marginalisées.

Sous le thème « Un rêve, une couronne » et le slogan « Le triomphe est en moi », les candidates ont été formées en prise de parole, estime de soi, étiquette de table et techniques de défilé. Les critères de participation étaient clairs : maîtrise du français, éthique personnelle, absence de tatouages visibles, et un niveau scolaire minimum de NS1. Des conditions qui, selon Charles, visent à construire une image forte et cohérente du rôle-modèle féminin.

Autour de lui, un comité de quatre personnes pilote l’organisation : Webster Oriol (président du concours), Sanon Cindy (administratrice), Gamarra Jean-Jacques (communication), et Emmanuel Charles lui-même en tant que PDG. Ensemble, ils ont conçu ce concours comme une plateforme de transformation, non seulement pour les participantes, mais pour toute une communauté.

Cependant, les obstacles ont été nombreux. Malgré la volonté de collaborer avec une trentaine d’organisations locales, moins de 30 % ont répondu favorablement. Un constat amer, mais pas décourageant. Emmanuel tient à remercier deux soutiens majeurs : Jean Joseph D. Yvon THÉRONÉ et Eben-za LADOUCEUR.

Aujourd’hui, il rêve plus grand. Il souhaite que Miss Héroïne devienne une plateforme nationale, capable d’attirer de vrais sponsors, de créer une émulation positive entre jeunes femmes, et de servir de modèle à d’autres initiatives similaires. Il travaille déjà à d’autres projets pour les jeunes, notamment un atelier d’écriture dédié aux passionnés de slam, poésie, rap et chant.

Ce qu’il construit à Fontamara, c’est bien plus qu’un concours : c’est un appel à croire en soi, à s’élever, à persévérer. Un acte de foi envers sa communauté. Un projet où l’intelligence, le courage et l’élégance se tiennent la main.

Sa K ap Fèt Fontamara
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