Fontamara, l’un des quartiers les plus peuplés de Port-au-Prince, continue de donner l’impression d’un territoire effacé des priorités municipales. Malgré son importance démographique, économique et culturelle, ce vaste secteur est plongé depuis des années dans un abandon total, comme s’il ne faisait plus partie de la ville. La mairie de Port-au-Prince, responsable de la gestion urbaine, brille par son absence persistante.
Aucun service d’assainissement, aucune collecte régulière des ordures, pas la moindre campagne de nettoyage ou de sensibilisation. Les infrastructures de base sont en ruines ou inexistantes. Les rues, dans un état de délabrement avancé, se transforment en rivières de boue au moindre orage. Les canaux sont bouchés, les déchets envahissent les espaces publics, et l’environnement urbain se détériore chaque jour davantage. Le laisser-faire est devenu une politique en soi.

Pourtant, Fontamara n’a jamais cessé de bouillonner de vie. Des enfants y grandissent, des familles y travaillent, des citoyens y rêvent malgré tout d’un avenir meilleur. Des initiatives locales émergent de temps à autre, portées par des habitants conscients de leurs responsabilités, mais leur portée reste limitée face au silence assourdissant des autorités.
Ce que réclame Fontamara n’a rien d’extraordinaire : des services de base, une présence institutionnelle, un minimum d’accompagnement. Rien qu’un engagement normal de la part d’une administration municipale digne de ce nom. Aujourd’hui, cette absence est vécue comme une injustice, un mépris, une exclusion.
Il est urgent que la mairie de Port-au-Prince rompe avec cette indifférence chronique. On ne peut pas parler de reconstruction nationale, de planification urbaine ou de développement durable en laissant des quartiers entiers s’effondrer sous les yeux de tous. Fontamara est une partie intégrante de la capitale, et sa population a droit, elle aussi, à un environnement décent, à des services publics fonctionnels, à un minimum de respect.
Il ne s’agit pas de faire de grandes promesses, mais de commencer par la base : rendre visible ce quartier trop longtemps ignoré. L’histoire jugera sévèrement cette époque où les institutions, au lieu de servir, ont choisi de détourner le regard.