La communauté de Fontamara est sous le choc après la disparition tragique de deux de ses jeunes, partis à Delmas 33 pour acheter vêtements et chaussures destinés à leur petit commerce, ce 23 septembre. Ce qui devait être une simple démarche de survie économique s’est transformé en drame, laissant familles et voisins en larmes.
D’après des témoignages recueillis, leur apparence — dreadlocks, tatouages et style vestimentaire — aurait suffi à éveiller des soupçons, jusqu’à les transformer en cibles. Dans une société où l’exclusion sociale frappe fort, ce sont les préjugés qui semblent avoir pesé plus que leur humanité. Une fois encore, être jeune, stylé et issu d’un quartier populaire devient une condamnation silencieuse.
Cette tragédie met en lumière une réalité insupportable : en Haïti, la stigmatisation peut tuer. Les dreadlocks et les tatouages, qui relèvent du choix personnel ou culturel, ne devraient jamais être assimilés à des preuves de délinquance. Pourtant, ces deux vies ont été balayées comme si elles n’avaient aucune valeur, simplement parce qu’elles portaient les stigmates d’une identité jugée “suspecte”.
Pendant que Fontamara pleure ses enfants, les autorités observent un silence inquiétant. Ni les responsables locaux ni les instances judiciaires n’ont réagi, comme si la disparition de deux jeunes de quartier populaire ne méritait pas la même attention que d’autres drames. Ce mutisme étatique nourrit un sentiment d’abandon et d’injustice dans la population.
Face à une telle dérive, les organisations de défense des droits humains doivent s’emparer de ce dossier. Documenter, dénoncer, exiger justice : tel est leur rôle. Laisser ce crime sombrer dans l’oubli reviendrait à normaliser une société où l’apparence décide de qui a le droit de vivre. Ces deux jeunes de Fontamara méritent que leur mémoire devienne un cri contre la stigmatisation, un appel pour que jamais plus des vies ne soient effacées au nom de préjugés.





